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Derniers championnats du monde pour Morgan Bourc’his

Il y a 5 ans

Compte à rebours enclenché pour le Mondial d’apnée AIDA 2019 qui se déroulera dans la baie de Villefranche-sur-Mer du 2 au 15 septembre prochain. L’athlète marseillais Morgan Bourc’his, qui rêve de reconquérir son titre en poids constant sans palmes, se prépare depuis plusieurs mois pour ses derniers championnats du monde. Il a répondu à nos questions à quelques jours du début de la compétition (Photo ci-dessus : Bill Rhamey).

Plongez ! : Dans le milieu de l’apnée on te surnomme à la fois « l’homme bleu » et « Mister Perfect ». Pourquoi ?
Morgan Bourc’his : le plus ancien c’est Mister Perfect, il date de 2012 en équipe de France. J’avais des petites attentions pour tout le monde, j’ai fait en sorte d’éviter les tensions intra-groupe, du coup mes coéquipiers m’ont donné ce surnom. Ça a fini par déteindre sur ma pratique, je réalise des sorties de l’eau parfaitement maîtrisées. L’« homme bleu » est arrivé un peu plus tard, après la publication d’un portrait rédigé par Luc Le Vaillant dans Libération en janvier 2016.

Morgan Bourc’his lors d’une descente dans le bleu. © Bill Rhamey

Plongez ! : La brasse est au cœur de ton parcours sportif, que ce soit pendant ton apprentissage de la natation, l’apnée dynamique sans palme puis le pois constant sans palme. Qu’est-ce qui t’a fait privilégier cette nage ?
Morgan Bourc’his : Enfant, c’était ma nage de prédilection. J’ai appris à nager dans ma ville natale à Joué-Lès-Tours, auprès de Jean-Louis Béraudy et du club JTN. Cet apprentissage précoce m’a servi bien plus tard, un apnéiste n’était pas forcément un nageur à la base. La maîtrise de ce bagage technique m’a permis de me spécialiser dans le sans palme. Du coup, c’est devenu un peu ma marque de fabrique, certains des stages que j’anime sont axés sur cette technique de nage, j’utilise ma vision issue de la natation pour rendre les stagiaires plus aquatiques.

Plongez ! : Depuis 2015, tu es « champion d’apnée professionnel », comme tu le dis sur ton site. Ça consiste en quoi comme métier ?
Morgan Bourc’his : Aujourd’hui, j’arrive à vivre de mon image d’apnéiste tout en ayant la possibilité de me consacrer à mon sport. Je suis un chef d’entreprise avec plusieurs activités tournées autour de l’apnée : le sponsoring, l’animation de stages pour le grand public et de conférences en entreprises… Le fait d’être professionnel me permet de gérer plus facilement mon emploi du temps, et de pouvoir par exemple partir cinq semaines aux Bahamas pour me préparer au Vertical Blue, une des compétitions majeures du circuit. Mais nous sommes bien loin des athlètes professionnels des sports majeurs comme le football, la natation ou le cyclisme qui eux sont salariés d’un club et peuvent se consacrer 100 % à leur activité.

Plongez ! : Comment t’es-tu préparé à ces derniers championnats du monde AIDA ?
Morgan Bourc’his : Ce sont mes derniers championnats du monde, mais pas forcément l’arrêt de la compétition ! Je me prépare depuis novembre 2018, avec des entraînements quotidiens ou biquotidiens et des cycles différents, parfois avec moins d’apnée, plus de piscine, de l’apnée à sec sur vélo ou rameur, de la musculation et également du trail et du cyclisme. Mais de toute façon, pour être bon il faut faire de l’apnée, beaucoup d’apnée, avec pour objectif de produire un effort en utilisant le moins possible d’oxygène.

Plongez ! : Et à une semaine du début de la compétition, comment te sens-tu ?
Morgan Bourc’his : Je suis content de ma préparation, j’ai fait le choix de ne pas aller à Roatan pour les mondiaux CMAS parce que ce n’était pas une bonne option pour moi de devoir gérer deux championnats en deux mois, avec un décalage horaire à gérer, la récupération… J’ai voulu concentrer ma préparation à Marseille, à domicile : les conditions y sont plus difficiles qu’à Nice. Le mistral peut faire baisser la température de 26 à 14°C en plein été et en 2 jours. C’est très déstabilisant pour les entraînements. Le courant et les vagues sont aussi de la partie. Mais je pense y être parvenu. Je suis allé parfois à Nice lorsque les conditions étaient trop difficiles chez moi.

Plongez ! : Comment gères-tu les annonces la veille de la compétition, et as-tu déjà une idée de celles que tu vas faire pour les deux épreuves auxquelles tu vas participer, le poids constant sans palme et l’immersion libre ?
Morgan Bourc’his : L’annonce est censée refléter la confiance que l’on a en soi, il ne faut pas tricher avec soi-même. Il y a aussi un peu de bluff, c’est important d’avoir des garde-fous – coach, coéquipiers – pour freiner un peu les enthousiasmes. Il faut aussi tenir compte de facteurs externes, le courant, les éventuels retards pendant la compétition. Pour le moment j’ai une petite idée de ce que je vais annoncer mais j’ai encore des choses à peaufiner. Il faut tenir compte de la forme du moment, la veille de la compétition. Désormais c’est plus facile pour moi de gérer ça grâce à mon expérience.

Plongez ! : As-tu déjà fait une annonce que tu n’avais jamais réalisée à l’entraînement ?
Morgan Bourc’his : Oui, la première fois que j’ai annoncé 90 mètres dans le cadre de la pré-compétition à Chypre avant les mondiaux AIDA, en 2015, je n’étais jamais descendu à cette profondeur. Mais c’est lors de cette même pré-compétition que Guillaume Néry a été victime d’une syncope à cause d’une erreur des organisateurs, et cela m’a « mangé » moralement, je n’ai donc pas pu refaire cette annonce pendant les mondiaux qui ont suivi. Jusqu’à cette date je n’avais jamais eu de souci avec mon mental, depuis je me forme avec un coach mental selon la méthode Apter, basée sur les différents états mentaux et notre capacité à jongler avec eux.

Plongez ! : Pourquoi as-tu décidé d’arrêter les championnats des fédérations d’apnée ?
Morgan Bourc’his : J’ai participé à mon premier championnat du monde en 2005, et ce dernier sera le treizième. Comme ils ont toujours lieu entre août et septembre, l’été est donc consacré à la préparation finale. J’aspire à des périodes estivales un peu plus tranquille et j’ai également besoin de temps pour d’autres activités qui sont importantes pour moi : expéditions, écriture, conférences. Mais comme mentionné plus haut, je n’arrête pas la pratique, ni mes entraînements et la compétition. J’arrête juste le format championnat du monde.

On espère que Morgan sortira de l’eau avec le sourire lors des prochains championnats du monde AIDA à Villefranche. © Bill Rhamey

Plongez ! : En début d’année tu es parti avec le réalisateur Jean-Charles Granjon dans le grand Nord norvégien à la rencontre des orques et des baleines à bosse. Où en es-tu de ce projet ?
Morgan Bourc’his : Il s’agissait d’une phase de repérage, nous nous sommes confrontés à des conditions difficiles et nous avons rencontré les différents acteurs de ce documentaire qui sera tourné en novembre prochain : les cétacés bien sûr, mais aussi les prestataires qui emmènent les touristes observer les orques (les whales watchers), les pêcheurs de harengs, les scientifiques sans oublier le peuple Sami, dernier peuple premier d’Europe.

Plongez ! : Tu es également très engagé dans la recherche scientifique sur les aspects psychologiques et physiologiques de la performance en apnée. En quoi cela consiste et qu’est-ce qui te motives ?
Morgan Bourc’his : J’ai débuté l’apnée avec ce versant scientifique, lorsque j’étais étudiant mon sujet d’étude était la physiologie de l’exercice, et comme j’aimais l’apnée, j’ai entamé un travail de recherche lié à cette activité. J’ai toujours eu envie de garder le contact avec le monde hyperbare, je sers donc de « cobaye » en tant qu’athlète, notamment avec le professeur Coulange dans le service de médecine hyperbare des hôpitaux de Marseille. J’ai également participé à une étude sur les syncopes : certains apnéistes ont une sensibilité supérieure par rapport à ces syncopes, et il s’agit d’avoir une meilleure compréhension de notre physiologie.

Plongez ! : Quels sont tes projets après cette compétition ?
Morgan Bourc’his : Dans les prochains mois je vais être bien occupé ;-). J’organise quatre stages pour les apnéistes entre le sud de la France et la région parisienne, deux voyages à Bali et au Mexique pour les filiales asiatiques et américaines de mon partenaire horloger Tudor, un course de nage en mer de 10 km pour récolter des fonds à destination des associations qui interviennent en unité de soins hospitaliers pour les cancers pédiatriques, la rédaction de deux ouvrages dont l’un est lié à la Norvège et l’autre au développement personnel et la méthode de coaching Apter, en duo avec le conférencier et coach mental Frédéric Lincker.

Propos recueillis par Sandrine Leveugle-Souan

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