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Les îlets Pigeon, au cœur du Parc national

Il y a 2 ans

Surnommée « île aux belles eaux » (Karukéra en langue caraïbe) par les Amérindiens, premiers habitants des lieux, Basse-Terre déploie la splendeur de sa forêt tropicale, ses sentiers de randonnée, ses cascades, son volcan (La Soufrière) etses spots de plongée. Face à Malendure, les îlets Pigeon, qui pourraient tenir dans un carré de 250 mètres de côté, accueillent entre 15 000 et 20 000 plongeurs par an. 

Reconnaissable, inimitable avec son bonnet rouge délavé, le buste du Commandant Cousteau trône par douze mètres de profondeur. 80 kilos de bronze qui reposent en paix depuis le 16 janvier 2004. Longtemps, l’endroit a été appelé « Réserve Cousteau », bien qu’aucun statut officiel de réserve n’y fût apposé, la zone étant alors simplement frappée par arrêté préfectoral d’une interdiction de chasse et de mouillage.

Avec sa livrée noir et or, le poisson-ange français (Pomacanthus paru) est l'hôte de ces lieux. © Nicolas Barraqué

Avec sa livrée noir et or, le poisson-ange français (Pomacanthus paru) est l’hôte de ces lieux. © Nicolas Barraqué

La légende îlienne qui affirmait que le Commandant y avait tourné une partie du « Monde du Silence », palme d’or au festival de Cannes 1956 et oscar du meilleur film documentaire l’année suivante aux USA, avait été démentie lors de l’immersion de la statue par Albert Falco en personne. « Tout est faux, avait-il alors asséné. Le film a été tourné pour l’essentiel en mer Rouge et dans l’océan Indien ». Depuis, le buste a perdu ses couleurs et la zone bénéficie d’un réel statut. Le 3 juin 2009, le décret n°2009-614 l’a intégrée au Parc National des Îles de Guadeloupe et classée « Cœur de Parc ».

Les tombants qui entourent les deux petites îles, Grand Ilet et Petit Ilet, abritent des sites relativement différents, de par leur exposition au soleil et à la lumière, le courant qui les parcourt, la pente, la température… Une diversité de paramètres qui assure la diversité des espèces, malgré un espace restreint : 38 espèces de coraux durs, 155 de poissons, 26 de gorgones, 16 de crustacés, 267 de mollusques et 58 d’éponges y ont été recensées.

Du Jardin japonais à la Pointe barracuda

Dans l’esprit des plongeurs, les fonds des Caraïbes ne constituent pas un morceau de choix, une destination pour laquelle ils se damneraient et économiseraient sou après sou. Mais au moins, dans cette zone protégée de Guadeloupe, ils sont sûrs de ce qu’ils vont trouver. La plupart des sites n’excèdent pas 20 mètres et descendent en pente douce, ce qui permet d’en profiter sans même atteindre la profondeur maximale. Et les tortues, vertes et imbriquées, sont présentes partout.

Les fonds guadeloupéens vous réservent de jolies rencontres. © Claire Jeufrroy

Les fonds guadeloupéens vous réservent de jolies rencontres. © Claire Jeufrroy

Le Jardin japonais (- 25 m) : un piton rocheux creusé d’une grotte, abrite souvent de gros crustacés. Les éponges tapissent le paysage ponctué de gorgones. Le fond se dérobe vers le large en pente douce, mais le plus beau se trouve au-dessus. Idéal pour débutants.

La Bouée anticyclonique (- 40 m) : un plateau à -15m sur lequel vous pouvez évoluer, puis une pente moyenne. Poissons bourses, coffres, pagres et trompettes se faufilent entre des éponges variées.

La Pointe aux carangues (- 40 m) : à gros yeux, grises ou jaunes, les carangues se déploient sous un fond d’éponges barriques (Xestospongia muta) monumentales, très souvent squattées par des crustacés de taille proportionnelle à leur hôte.

La Pointe barracuda (- 50 m) : bécunes et barracudas solitaires, chevaliers ponctués s’y promènent. Dans les gorgones, cherchez les fameux coquillages dits monnaies-caraïbe à ocelles (Cyphoma Gibbosum).

La Caye (- 14 m) : à faire de nuit. Seiches en pleine eau,  tortues, grogneurs et rougets se montrent fréquemment. Dans les creux de roches : poulpes, chirurgiens, poissons-perroquets feu. Gorgonocéphales, corallimorphaires jongleurs (‘’anémone-bijou’’).

Des épaves accessibles

Le Franjack (- 24 m)

Sorti en 1958 de chantiers navals suédois, ce sablier de 50 mètres de long a longtemps été employé à la récupération de moraines glaciaires avant de prendre racine à La Rochelle en 1974 et d’entamer une carrière dans des travaux de drainage. Parti voguer dans les Îles de Guadeloupe, il fut détruit par le cyclone Hugo, le 17 septembre 1989.

Sabordé près de la côte le 9 juin 1996, il est allé se coucher sur son flanc droit, sur un fond sablonneux de vingt-quatre mètres, avant d’être redressé lors d’une tempête. Accessible à tous, c’est une épave très colorée, en bon état (sauf la cabine avant). Plongée de nuit possible.

Les épaves volontairement sabordées pour servir de site de plongée sont proches des côtes et facilement accessibles. Ici, le Franjack, un sablier de 50 mètres de long. © Nicolas Barraqué

Les épaves volontairement sabordées pour servir de site de plongée sont proches des côtes et facilement accessibles. Ici, le Franjack, un sablier de 50 mètres de long. © Nicolas Barraqué

LAugustin-Fresnel II (- 29 m)

Jaugeant 660 tonneaux, ce cargo de 53 mètres de long et 9 mètres de large fut construit au Canada en toute fin des années 40. Il navigua en Méditerranée puis arriva en 1990 à Pointe-à-Pitre où il assura l’entretien du balisage de la zone Antilles – Guyane. Retraité en 1994, il fut coulé en juillet 2003 près de Bouillante. On y descend le long d’un bout. 15 cabines, des coursives extérieures tapissées d’éponges tubulaires, des coins et des recoins… Une épave facile à visiter et un refuge inespéré pour de nombreux poissons.

Le Gustavia (- 40 m)

Baptisé Géocéanique en 1953, ce cargo sablier de 49 mètres de long pour 7,5 mètres de large environ fut renommé Gustavia en 1982. Le cyclone Hugo occasionna de tels dégâts que sa réparation fut jugée trop onéreuse. La mairie de Bouillante finança sa dépollution. Sabordé à quelques brasses de la côte en 1991, le bateau est aujourd’hui colonisé par les éponges et habité par de gros barracudas. Passerelle et timonerie sont intéressantes à visiter.

Un Parc, des écosystèmes variés

D’une superficie d’environ 135 000 hectares, l’espace maritime du Parc national des Îles de Guadeloupe s’étend de l’Anse à la Barque, sur la côte sous-le-vent, à la Pointe de la Grande Vigie, au nord de Grande-Terre. Ce vaste espace regroupe trois grands écosystèmes : les milieux humides (mangroves, forêts marécageuses, prairies et marais humides), les herbiers de phanérogames marines (‘’herbe à tortue’’) et les récifs coralliens.

Toujours émouvant de dénicher un hippocampe. © Hélène Macé

Toujours émouvant de dénicher un hippocampe. © Hélène Macé

La tête hors de leau

Les distances étant longues et les routes sinueuses, il vaut mieux consacrer un jour à la plongée et un autre à la balade, plutôt que scinder la journée en deux. Il y a ensuite mille choses à faire :

déguster un café ou un chocolat à la caféière Chaulet de Vieux-Habitants ; s’offrir une balade au milieu de 1000 espèces exotiques, au jardin botanique de Deshaies ; partir à la rencontre des cétacés ; près de Pointe-Noire, visiter la caféière Beauséjour, qui offre un panorama incomparable sur la Mer des Caraïbes ; entreprendre l’ascension, de très bon matin, du volcan de la Soufrière (1467 m) ; naviguer en kayak de mer dans le Grand Cul-de-Sac marin, réserve naturelle où sont protégées espèces terrestres (1600 ha) aussi bien que marines (2000 ha) ; observer le seul oiseau endémique de l’île, le pic de Guadeloupe (Melanerpes herminieri) ainsi que la petite sterne (Sterna antillarum), chercher le crabe violoniste dans la mangrove ; partir en randonnée pédestre pour découvrir les cascades de l’île, les chemins des anciens habitants ; ou encore pratiquer le canyoning…

Comité du tourisme des îles de Guadeloupe : www.lesilesdeguadeloupe.com

Sur Basse-Terre, cascades et rivières jalonnent les randonnées. Un havre de fraîcheur reposante dans la moiteur tropicale. © Comité de tourisme des Îles de Guadeloupe

Sur Basse-Terre, cascades et rivières jalonnent les randonnées. Un havre de fraîcheur reposante dans la moiteur tropicale. © Comité de tourisme des Îles de Guadeloupe

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