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Plongeur de bord – Le socle de toutes les formations

Il y a 8 mois

Allier plongée et carrière militaire suppose impérativement de passer par le stage plongeur de bord. Pour certains, il est un but en soi, pour d’autres une étape dans leur formation : tous ont six semaines pour faire leurs preuves et obtenir la précieuse certification.

Un instructeur de la CEPHISMER remplit la fiche d’évaluation d’un stagiaire plongeur de bord. Cette évaluation a lieu tous les 4 ans et vise à mettre à jour le certificat du personnel. © Lisa Bessodes / Marine nationale / Défense

Ils sont aujourd’hui plus d’un millier, personnel embarqué, certifiés plongeurs de bord. Il ne s’agit, en effet, pas d’un métier à part entière mais d’une certification, compétence supplémentaire accessible à tous les métiers de la Marine. En d’autres termes, un plongeur de bord peut être également cuisinier, mécanicien, médecin… et avoir tous les grades. Son rôle consiste à intervenir sous l’eau si le besoin s’en fait sentir, pour inspecter une coque, une hélice, colmater une voie d’eau… Et les élèves n’ont que six semaines pour acquérir à la fois les techniques de plongée et les gestes qui leur permettront d’assurer la sécurité de leur bâtiment ! Un véritable défi qui ne laisse aucune place à l’approximation, suppose un planning serré sous pression constante, rythmé par des évaluations hebdomadaires. « Quand ils sortent de la formation, admet le premier maître Sandy, instructeur, ils ont encore beaucoup à apprendre sur le terrain, mais ils plongent en sécurité, la leur ainsi que celle de leur binôme ».

Acquérir les bases de la plongée en deux semaines

Les deux premières semaines sont sans doute les plus décisives. Il s’agit, pour des élèves qui en majorité n’ont jamais plongé – et l’expérience en la matière n’est d’ailleurs pas forcément un gage de réussite, car certains ont acquis de mauvais réflexes – de maîtriser les techniques de base et notamment la gestion de sa vitesse de remontée. 

« Nous misons aujourd’hui, au sein du stage plongeur de bord, explique le commandant de l’école, sur un apprentissage technique plus poussé. J’ai notamment développé ainsi un simulateur de remontée, qui associe un casque de réalité virtuelle, un gilet connecté et un appareil respiratoire, pour leur apprendre à mieux gérer gilet et vitesse. Nous faisons également des séances de préparation mentale, en utilisant des techniques d’optimisation du potentiel (TOP) pour gérer le stress des élèves face à l’importance, pour eux, des enjeux. Je ne sacrifierai jamais le niveau de sortie, insiste-t-il, mais je tiens à faire le maximum pour qu’ils réussissent tous ». La pédagogie a évolué. « Nous essayons de réajuster en permanence nos enseignements aux élèves, de les accompagner de manière plus individualisée qu’autrefois », confirme le premier maître Sandy. 

Exercice de plongée lors d’une mission scientifique menée à bord du Dumont D’urville, au large de la Martinique. © Olivier Nicolas / Marine nationale / Défense

« Certains, continue l’instructeur, comprennent immédiatement, d’autres ont besoin de quelques jours de plus pour avoir le déclic. » Au terme de cette quinzaine décisive, « véritable levier pour leur apprentissage », certains doivent donc déjà malheureusement renoncer, au moins temporairement. Les autres enchaînent ensuite avec les remontées assistées, à 18 puis 30 mètres, pendant toute la semaine suivante. 

Maîtriser des outils de travail

La suite est majoritairement consacrée à la maîtrise des outils qui vont leur permettre d’intervenir jusqu’à 35 mètres à l’air. Dans le plan d’eau de l’école de plongée de Saint-Mandrier, ils apprennent les techniques de relevage, s’entraînent à effectuer des visites de coque, de jour comme de nuit, à mener des recherches circulaires, à fixer des plaques sur une coque… Ils apprennent également, en fin de parcours, à utiliser la brassière des plongeurs-démineurs. « En général, compte tenu de l’intensité et de la courte durée de la formation, admet leur instructeur, ceux qui prennent le moindre retard n’arrivent pas à le rattraper. » Idem pour ceux qui sont victimes d’une blessure en cours de route, comme cette jeune postulante qui, lorsque nous réalisions ces entretiens, souffrait d’un barotraumatisme de l’oreille. Pour elle, l’aventure s’arrête là. « Mais chacun a la possibilité, nuance le premier maître Sandy, de retenter. Ceux que nous excluons, au-delà des blessures, c’est pour leur bien, pour leur propre sécurité. Il ne faut pas pour autant avoir peur de venir. Et il faut le faire avec curiosité ».

Plongeurs de bord sous la coque de la frégate de surveillance Nivôse, au mouillage au large de l’île de Juan De Nova, océan Indien, le 27 janvier 2021. © Marine nationale

« J’ai 23 ans, j’ai fait l’École navale et je suis actuellement embarqué. Mon projet est de devenir nageur de combat. J’essaie d’avoir une vision de carrière sur les 10 prochaines années. Le stage plongeur de bord est donc pour moi une première étape. Même si dans le civil j’ai passé mon niveau 1, il faut vraiment se mettre dans l’idée qu’ici on réapprend tout. Mais la progression est très encadrée, nous avons un briefing la veille de chaque exercice, un autre le matin même, si bien que nous arrivons dans l’eau en sachant exactement ce que nous avons à faire. Nous apprenons également à travailler en binôme : chacun doit veiller à la sécurité de l’autre, l’aider dans les domaines où il est le moins à l’aise et réciproquement. Ce qui me motive aujourd’hui, c’est d’aller vers l’inconnu en me dépassant, travailler avec des gens qui ont une grande rigueur et une grande humilité, et intégrer ces valeurs. Il faut aussi arriver physiquement prêt. On court beaucoup, tous les jours, sans compter de nombreuses et longues sessions de palmage. Et toujours garder à l’esprit, ce que je ressens déjà au bout de quelques jours seulement, qu’on ne cherche pas à nous éliminer mais bien à nous accompagner. »

Enseigne de vaisseau de 1e cl. Jean, en première semaine du cours Plongeur de bord

Embarqué, un second métier

Le maître Romain, spécialiste des systèmes d’information et de communication (SIC), est plongeur de bord depuis sept ans.  « Au cours de la formation, se souvient-il, on sait que l’on peut être recalé à n’importe quel moment, mais c’est un stress positif qui amène à se dépasser. À la sortie, nous sommes prêts à remplir les missions qui vont nous être confiées. » Concrètement, il s’agit avant tout de vérifier l’intégrité de la coque du bâtiment environ une fois par mois.

Plongée opérationnelle sous la coque du BSAOM Champlain, dans le lagon de Mayotte. © Yannick Bisson / Marine nationale / Défense

Mais ils peuvent aussi être amenés à poser des plaques obturatrices, à prendre des relevés sur les lignes d’arbre des hélices pour que les mécaniciens puissent en régler les pales, ou à intervenir sur une récupération d’homme à la mer. « La majorité des plongées se font à quai, précise-t-il, mais une partie en pleine mer, dans le bleu, une dimension à laquelle il faut aussi s’habituer ». Toutes s’effectuent à deux, après un briefing très précis du profil de plongée et de la tâche à effectuer. « Systématiquement, accentue le maître Romain, on briefe, on fait, on débriefe. Et, au début de chaque plongée, nous effectuons également des exercices de sécurité avec notre binôme. » L’équipe est complétée en surface par un directeur de plongée (DP) ou un surveillant de sécurité plongée (SSP), qualification accessible au terme d’un stage à l’Ecole de plongée. Eux ne sont pas plongeurs, mais formés à surveiller et vérifier la cohérence du profil de l’intervention. En moyenne, un plongeur de bord se met à l’eau une fois par semaine, ce qui fait de la plongée un second métier. 


les pré-requis 

Être déjà engagé dans la Marine nationale . 

Être apte médicalement. 

Être âgé de plus de 18 ans et de moins de 33 ans à la date d’ouverture du cours.


image d’ouverture © Lisa Bessodes / Marine nationale / Défense

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