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Nageur de combat – Des combattants d’élite

Il y a 8 mois

Ils ne sont qu’une poignée à obtenir chaque année la certification de nageur de combat. Ils rejoignent alors le Commando Hubert, spécialisé dans les interventions sous-marines les plus sensibles, du contre-terrorisme à la libération d’otages, en passant par le renseignement ou la destruction d’objectifs. La 98ème session de formation s’est déroulée en 2022, 70 ans après la création des nageurs de combat.

Des membres du Commando Hubert s’entraînent au tir depuis les ECUME (Embarcations commando à usage multiple) au large de la presqu’île de Saint-Mandrier. ©Jonathan Bellenand / Marine nationale / Défense

La plupart ont déjà derrière eux 5 à 7 ans d’expérience au sein des commandos marine et sont devenus chef d’équipe commando dans leur unité. D’autres, venus de l’Armée de terre, se destinent à une carrière dans la DGSE (Direction générale de la Sécurité extérieure). Tous sont certifiés Plongeurs de bord, ont au maximum 30 ans et ont passé avec succès un entretien psychologique pour déterminer leur aptitude. Mais seule la moitié d’entre eux, au terme de deux semaines de présélections, seront choisis pour intégrer la formation. Au programme de ces deux semaines, plongées à l’air et théorie, tests physiques classiques chez les commandos, mais aussi une première familiarisation avec le FROGS, appareil respiratoire en circuit fermé à l’oxygène pur fabriqué par Aqua Lung qui deviendra, s’ils continuent, leur équipement d’intervention. « Le but, explique le lieutenant  Sébastien, instructeur, est d’évaluer avant tout leur capacité physiologique à l’utilisation intensive de l’équipement ». Chaque année, ils ne sont finalement qu’une douzaine à être choisis pour rejoindre au mois de décembre l’École de plongée de Saint-Mandrier. Ils entament alors un long parcours qui les mènera, peut-être, à la consécration : rejoindre le Commando Hubert, baptisé en hommage à l’un de ceux qui ont rejoint, en 1942, le Commando Kieffer, créé en Grande-Bretagne par la France libre et qui participera, en y laissant la vie, au Débarquement en Normandie. 

Sept mois de formation intensive

Ils entament alors une formation de sept mois constituée de différents modules, en sachant qu’ils peuvent en être exclus à tout moment. La pression est permanente et, si les premières semaines sont essentiellement consacrées à l’obtention des permis côtiers et hauturiers, on entre ensuite très vite dans le vif du sujet. Dès janvier, ils entament ce que l’on appelle la phase technique. « À son terme, explique l’enseigne de vaisseau Sébastien, ils devront parfaitement maîtriser aussi bien leur équipement de plongée que leur armement. » Ils plongent bien sûr tous les jours, multiplient les exercices de nuit, les sessions en bassin… Un rythme soutenu qui s’accélère encore au mois de mars, lorsqu’ils entrent dans la phase dite de perfectionnement. Dans un premier temps, il s’agit pour les élèves de commencer à apprendre comment monter des projets d’attaque, à atteindre des objectifs situés à plusieurs kilomètres, tout en affinant vitesse de palmage et angle de progression, en toute discrétion et avec efficacité. Ils joueront les scenarii dictés et encadrés par les instructeurs, avant de passer à ce que l’on appelle la phase PROAT (…) : apprendre à planifier sur papier, puis à réaliser en conditions réelles, des plans d’attaque. Il leur faut inventer et mémoriser des dizaines de scenarii, être capables, en fonction des circonstances et des obstacles, prévus ou non, de réagir et de corriger le plan établi. 

Binôme en formation face à un filet anti-sous-marin, à l’école de plongée de Saint-Mandrier. ©Alexis Rosenfeld

Ils apprennent aussi, garantie de sécurité pour eux, à travailler en binômes, sanglés l’un à l’autre. De jour comme de nuit, ils multiplient également les raids en kayak et les séances de palmage, parcourant jusqu’à 15 kilomètres à l’issue desquels ils entament une plongée. Ils partent également se former dans un centre de l’armée de terre pour être aptes à mettre en œuvre tous types d’explosifs. Vient ensuite un raid en kayak de 100 kilomètres. Puis, début mai, ce que l’on appelle la semaine amphibie au cours de laquelle ils apprennent à plonger avec toutes leurs protections balistiques et leur armement.

Les phases de synthèse

Après 5 mois d’efforts constants, il leur faut encore trouver des ressources supplémentaires pour affronter ce que l’on appelle les phases de synthèse, l’application, en conditions aussi réelles que possible, de tout ce qu’ils ont appris. Il s’agit, à travers des simulations d’interventions,  de mettre tout en œuvre, de s’organiser pour accomplir leur mission. Et quoi que soient des entraînements, ils doivent travailler exactement comme s’il s’agissait d’une intervention réelle, ne laissant rien au hasard et en étant capables de mener à bien la mission sans aide d’aucune sorte de la part de leurs instructeurs. Ils partent également pour Brest se frotter à d’autres conditions météo, à des lieux inconnus. Leur cursus est complété par une formation de parachutiste et, pour certains, un passage par le CESSAN, avec son stage d’évacuation d’hélicoptère. Ils apprennent, là aussi, à atterrir dans l’eau avec tout leur matériel et à se débarrasser de leur parachute. Une technique qui, même pour des parachutistes aguerris, ne s’improvise pas, d’autant plus que sur le terrain ce sera souvent de nuit, dans des conditions météo pas nécessairement favorables, qu’il faudra effectuer les mêmes gestes. De retour à Saint-Mandrier, ils apprennent aussi quelques techniques de travaux sous-marins. Puis vient la dernière plongée, ce que l’on appelle la validation opérationnelle. 

Exercice de maniement d’armes en sortie de plongée. ©Alexis Rosenfeld

La formation est plus que difficile et la moitié d’entre eux ne parviennent pas à son terme. « Cependant, explique l’enseigne de vaisseau Sébastien, il est très rare que l’un deux abandonne parce qu’il ne tient pas le coup mentalement. Cette éventualité-là, en général, nous l’avons détectée avant, lors des présélections. En revanche, aucun d’entre eux n’est à l’abri d’une blessure qui peut mettre un terme à sa formation. Mais ce sont surtout ce que nous appelons les fautes de sécurité qui peuvent aboutir à une exclusion, en fonction de l’appréciation d’un conseil d’instruction que nous mettons en place quand le problème se pose. » En général, on ne reste que quelques années au Commando Hubert, entre 6 et 10 ans. C’est une vie à part, qui demande un engagement total.

Savoir parfaitement se repérer de jour comme de nuit et dans toutes les conditions, est l’une des bases de la formation. © Marine nationale

« Entré tardivement dans l’armée, à 25 ans, je suis devenu commando marine, puis chef d’équipe très rapidement. Dans le cadre de mon parcours commando, j’ai eu la chance de pouvoir essayer le FROGS et j’ai immédiatement eu envie d’intégrer le cours, dont je suis sorti en juillet dernier. Je suis maintenant breveté mais, pour être complètement certifié, il me reste encore plusieurs étapes qui s’étalent sur un an : obtenir la mention « groupes spécialisés-CTLO » (Contre-terrorisme et libération d’otages), puis le brevet de chuteur «ops» (opérationnel) pour pouvoir être déployé par les airs, ainsi que des formations spécifiques complétant les acquis du cours. Cette certification se fait ici, au sein de l’un des deux groupes auquel on sera affecté, le troisième étant plutôt axé sur les engins sous-marins et les tireurs d’élite. À partir de là, je pourrai être déployé. Mais nous continuons, en permanence, à nous former, tous autant que nous sommes, dans une constante remise en question, afin de tenter de trouver le geste parfait. Dès que l’on est considéré comme opérationnel, il faut être disponible en permanence, prêt à partir en moins d’une heure en cas de prise d’alerte. Et il est vrai qu’il faut avoir une famille capable de supporter cette situation. Pour un jeune qui rêve du Commando Hubert, il faut bien sûr garder cet objectif à long terme, mais sans pour autant oublier de s’investir pleinement dans toutes les étapes. Et sans oublier non plus que, sur 100 fusiliers marins, 20 seulement deviendront commandos, 10 chefs d’équipe, et 2 intégreront le cours Nageur de combat. Ce qui m’a paru le plus dur, c’est de savoir gérer mon stress tout au long de la formation. Il y a énormément de choses à assimiler, on ne peut pas se permettre de ne pas maîtriser un geste technique et, dans ce sens, les deux premiers mois sont, à mon avis,  les plus éprouvants. C’est vraiment l’endurance qui prime. Il faut être en permanence à 100 %, tout en étant capable de donner encore plus. En général, on n’intègre pas le cours avant 28 ans, une maturité qui me semble nécessaire pour avoir toutes les chances de réussir. »

Second maître Vincent
Les plongées, que ce soit en formation ou en opérations, s’effectuent toujours en binôme. ©Alexis Rosenfeld

image d’ouverture . ©Alexis Rosenfeld

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