Environnement

Marseille : des récifs artificiels expérimentaux installés dans la calanque de Cortiou

Il y a 6 ans

Dans le courant du mois de décembre, 36 récifs artificiels vont être installés sur plusieurs sites dans la calanque de Cortiou à Marseille. Cette opération, appelée REXCOR (REstauration écologique EXpérimentale des petits fonds côtiers de la calanque de CORtiou), se veut expérimentale. Les modules, créés spécialement pour l’occasion, ont pour but de ramener la vie sous-marine dans cette calanque aujourd’hui déserte.

Située à la sortie des eaux usées de la ville, la calanque de Cortiou a été polluée par les rejets de Marseille depuis le XIXe siècle jusque dans les années 80. Après la mise en place d’une station d’épuration pouvant traiter 325 000 m3 d’effluents pollués par jour, puis de récents travaux d’assainissement, la qualité de l’eau semble redevenue correcte. « Aujourd’hui, les eaux de Cortiou sont de bonne qualité et les conditions sont réunies pour mettre en place ce projet et faire revenir la vie sous-marine », explique Didier Réault, président du conseil d’administration du Parc national des Calanques. Ce projet de récifs artificiels est porté non seulement par le Parc, mais aussi financièrement par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse et par le Pôle Mer Méditerranée.

Aujourd'hui aucune trace de vie dans les fonds de la calanque de Cortiou. © Florian Launette

Aujourd’hui, aucune trace de vie dans les fonds de la calanque de Cortiou. © Florian Launette

Trois modules pour trois fonctions bien distinctes

Après un appel à idées, le projet innovant de récifs artificiels du groupe Egis – en association avec CDC Biodiversité et Architeuthis – a été retenu : trois types de modules ont été confectionnés spécialement pour ce projet. En fonction de leur forme, de leur lieu d’installation, ils auront chacun un but bien spécifique.

  • – Le récif fractal : formé de larges pétales de béton, placés à des niveaux et des expositions différentes, il a pour but de recréer les conditions d’un récif. Avec des parties plus ou moins protégées du courant ou de la lumière, il devrait faciliter l’installation de différentes espèces. En théorie, sa fonction principale serait donc l’habitat des espèces sous-marines.
  • – Le récif rague : composé de plaques de béton superposées, séparées les unes des autres par des écarts plus ou moins importants, il permet l’installation d’espèces appréciant les anfractuosités rocheuses. Corbs, sars, mérous ou langoustes devraient apprécier ce récif facilitant leur abri. Ce récif est destiné à l’habitat mais pourrait éventuellement servir de lieu de reproduction.
  • – Le récif connectivité : réalisé avec de longs tubes grillagés remplis de coquilles d’huîtres et de fibres végétales, il offre aux juvéniles de nombreux espaces pour s’abriter. Situé dans de petits fonds côtiers, il a pour but principal de servir de nurserie pour différentes espèces (mérous, sars, labres, serrans, rascasses…).

Un suivi régulier pendant trois ans

Les modules seront placés de 100 à 1 500 mètres de distance du rejet de la station d’épuration, sur quatre sites distincts. Cette opération étant expérimentale, il n’y a aucune certitude quant à son efficacité pour ramener la vie sous-marine dans la calanque de Cortiou. De plus, l’utilité des modules expérimentaux, aux formes novatrices, n’est pas assurée. Les trois prochaines années seront déterminantes : un suivi sera mené sur les sites pour constater l’évolution des récifs, dans l’espoir de les voir colonisés. Dans le cas d’un succès de cet essai, une opération de plus grande envergure pourra être envisagée pour restaurer l’ensemble des fonds de la calanque de Cortiou.

La mise en place des modules devrait avoir lieu dans les prochains jours, nous mettrons à jour cet article dès que ce sera fait.

Margot Harty

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