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Le saviez-vous ? 10 infos à connaître sur … La flabelline mauve (Flabellina affinis)

Petit bijou coloré de nos fonds marins, la flabelline mauve fait partie de ces animaux qui égaillent une plongée. Que l’on soit débutant ou bien expérimenté, photographe ou biologiste, la vue de ces petites limaces offre un instant de pause et de légèreté. Prendre le temps de s’approcher pour observer ces petits habitants aquatiques représente en soi un défi pour éviter au maximum de les perturber avec nos déplacements parfois maladroits. Dans un premier temps, lorsqu’un plongeur évoque sa passion pour les flabellines et autres limaces, il est souvent incompris mais après plusieurs rencontrent la magie opère et la passion devient petit à petit contagieuse dans la palanquée. Attention amis plongeurs, bientôt vous risquez de partir plonger avec une loupe dans votre poche de stab pour chercher à en savoir plus sur ces merveilleux animaux !

Détails d’une flabelline mauve (Flabellina affinis). © Yann Valton

1- Pas besoin de partir loin  : Ce nudibranche coloré pourrait laisser croire qu’il a des origines exotiques mais il n’en est rien. La flabelline mauve est une espèce présente sur l’ensemble du pourtour méditerranéen et également sur une petite partie des côtes orientales de l’océan Atlantique. Elle se rencontre sur les fonds rocheux entre 5 et 50 mètres de profondeur.

2- A table ! : Si la flabelline évolue sur les fonds rocheux, c’est principalement pour rechercher son repas favori : des hydraires tels que Eudendrium spp. Ces fines colonies ramifiées, proches parentes des anémones, possèdent des cellules urticantes qui n’ont aucun effet sur notre gracieuse limace et qui ne l’empêche absolument pas de se régaler. En revanche la variété des menus n’est pas vraiment au rendez-vous…

3- A tâtons :  Les flabellines possèdent des yeux très rudimentaires et ne sont donc pas dotées d’un sens de la vue des plus exacerbés. En revanche elles possèdent de chaque côté de la bouche des tentacules buccaux longs et très agiles qui leur permettent de palper ce qui se trouve autour d’elles et donc de trouver des proies avec beaucoup de d’exactitude. Ceci dit, la mission est tout de même grandement facilité par la relative immobilité des colonies d’hydraires.

4 – Une couleur remarquable : mesurant jusqu’à 5 cm de long, et possédant un petit corps allongé recouvert de nombreux appendices, c’est essentiellement cette couleur mauve caractéristique qui attire le regard sur la flabelline. Cette couleur vive se distingue facilement sur le substrat et elle indique, comme souvent dans le milieu naturel, un potentiel danger pour les inconscients qui souhaiteraient la manger… En tout cas, cela n’empêche pas les photographes de mitrailler ce joli mannequin.

5 – Une pro du recyclage : Effectivement, certains de ces appendices appelés cérates – les plus nombreux sur le dos de l’animal – regroupent l’ensemble des cellules urticantes que la flabelline ingère lors de ses repas. Non seulement elle ne se fait pas piquer par ces cellules mais en plus elle est capable, comme de nombreux autres nudibranches, de les rediriger sur son dos et de les recycler pour ainsi se créer sa propre protection urticante. Astucieux non ?!

6 – Reproduction, rien n’est fixé : Les flabellines sont hermaphrodites et lors de l’accouplement, le « gagnant » prendra le rôle du mâle. Les grappes d’œufs, de grands rubans entortillés de couleur rose, seront ensuite déposées sur le substrat au milieu des hydraires qui servent de nourriture. Au bout de 5 à 8 jours, l’éclosion aura lieu et les larves pélagiques seront emportées par les courants vers d’autres supports. Elles peuvent ainsi dériver pendant une année avant de trouver un support qui les accueillera et permettra leur croissance.

Ponte d’une flabelline mauve (Flabellina affinis). © Dominique Barray

7 – Le seigneur des anneaux : La détection des proies, des prédateurs ou des partenaires reproducteurs se fait grâce à deux organes situés sur le devant de l’animal : les rhinophores. Ceux-ci vont pouvoir sentir les différentes molécules chimiques qui entourent l’animal et lui donner de nombreuses informations sur son environnement. Les rhinophores des flabellines sont annelés ( contrairement à la coryphelle mauve –Edmundsalla pedata) ce qui permet d’augmenter considérablement la surface de contact avec le milieu extérieur pour gagner en précision.

8 – Dans la lignée d’Eole : appartenant à l’ordre des nudibranches, les flabellines sont aussi regroupés dans le sous-ordre des aéolidiens. Ce nom faisant référence au dieu Eole a été défini en lien avec le mouvement des cérates sur le dos de l’animal. Ces derniers ondulent dans les courants au même titre que les feuilles d’un arbre qui frémissent dans le vent.

9 – Organes multitâches : les délicats panaches présents sur le dos de la flabelline, les cérates, sont des organes extraordinaires. Nous savons déjà qu’ils jouent un rôle de défense en concentrant les cellules urticantes ingérées pour s’en resservir face aux prédateurs mais en plus ce sont aussi eux qui assurent les fonctions vitales pour la respiration et la digestion !

10- Pourquoi un nom si compliqué : Le nom de cette petite limace vient du latin flabellum signifiant éventail et adfinis qui peut être traduit par avoisinant, associé ou ayant un lien avec. La flabelline ressemble donc à un bel éventail mauve qui nous offre une touche de couleur riche à découvrir au cours de nos balades sous-marines.

Fabien Valladier

photo d’ouverture © Dominique Barray

 

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